Les protozoaires du genre Isospora sont des coccidies Eimeriidés retrouvées chez de nombreuses espèces animales (mammifères et oiseaux), le plus souvent spécifiques d’hôtes. Sept espèces sont rapportées chez les primates non-humains: Isospora callimico, I. endocallimici, I. scorzai, I. cebi, I. papillonis, I. saimiriae et I.arctopitheci qui est la plus représentée (Strait et al., 2012).
Epidémiologie
Ces coccidies sont cosmopolites et sont retrouvées chez les Singes de l’Ancien Monde, les Singes du Nouveau Monde et les Grands Singes. On recense notamment, selon Lindsay et al. (1997), Duszynski et al. (1999) et Strait et al. (2012), des infestations :
- chez le tamarin de Goeldi (Callimico goeldii) par Isospora callimico et endocallimici ;
- chez le Ouakari (Cacajo rubicundus) par Isospora scorzai et arctopitheci ;
- chez le capucin olive (Cebus nigrivitatus) par Isospora scorzai et arctopitheci ;
- chez le capucin à front blanc (Cebus albifrons) par Isospora cebi;
- chez le Chacma (Papio ursinus) par Isospora papillonis ;
- chez le Saïmiri commun (Saimiri sciureus sciureus) par Isospora saimiriae et arctopitheci ;
- chez le galago du Sénégal (Galago senegalensis), le tamarin de Geoffroy (Saguinus geoffroyi), le sapajou capucin (Cebus capucinus), l’atèle à tête brune (Ateles fusciceps), le douroucouli commun (Aotus trivirgatus), le singe hurleur à manteau (Alouatta villosa), le tamarin de Geoffroy (Saguinus geoffroyi), l’ouistiti à pinceaux noirs (Callithrix penicillata) par Isospora arctopitheci.
Description
A l’examen coproscopique ce sont les oocystes qui sont retrouvés. Ces derniers ne sont pas colorés au Lugol, sont arrondis et ont une taille supérieure à 10-13 μm. Ils sont réfringents et peuvent être sporulés ou non sporulés (Duszynsky et al, 1999) :
- S’ils sont non sporulés, ils présentent un contenu granuleux sans structure différenciable. Il n’est alors pas possible de les distinguer des coccidies du genre Eimeria;
- S’ils sont sporulés, ils présentent deux sporocystes renfermant chacun quatre sporozoïtes.
Ils sont colorés, comme les oocystes d’autres genres de coccidies, à la coloration de Ziehl-Neelsen modifiée (Strait et al., 2012).
Diagnostic différentiel
Il comprend essentiellement les coccidies des genres Cyclospora et Eimeria :
- Les oocystes des coccidies du genre Cyclospora sont de taille plus réduite (8-10 μm). Lorsqu’ils sont sporulés, ils renferment deux sporocystes contenants chacun deux sporozoïtes (Colomina Rodríguez & Villar Serrano, 1997). Ce sont également des parasites de Grands Singes et de Singes de l’Ancien Monde (Strait et al., 2012 ; Li et al., 2015). Des techniques de microscopie à fluorescence et de microscopie à contraste interférentiel peuvent être utiles pour poser un diagnostic de certitude.
- Les oocystes des coccidies du genre Eimeria, lorsqu’ils sont sporulés, possèdent quatre sporocystes renfermant chacun deux sporozoïtes. Leur taille est voisine de celle des oocystes d’Isospora mais ce sont des parasites qui n’infestent que les Prosimiens (Duszynski et al., 1999). La sporulation peut parfois être nécessaire pour distinguer deux genres de coccidies; elle est permise par des techniques proches de la coproculture.
Signes cliniques
L’infestation à Isospora spp. est en grande majorité asymptomatique chez les primates non-humains. Une étude a néanmoins montré qu’une inoculation expérimentale d’oocystes d’Isosporaarctopitheci pouvait être pathogène chez le ouistiti Saguinus geoffroyi, et que les manifestations cliniques pouvaient aller de la diarrhée hémorragique au décès (Lindsay et al., 1997).
Prophylaxie et traitement
La majorité des infestations dues aux coccidies Isospora sont asymptomatiques chez les primates non-humains et les données concernant le traitement de cette parasitose sont rares. Les molécules utilisées chez l’Homme ou d’autres espèces semblent être efficaces chez les primates non humains, notamment selon Lindsay et al.(1997) :
- Sulfadiméthoxine : 50 mg/kg une fois par jour pendant 10 à 14 jours ;
- Amprolium : 100-400 mg/kg pendant 5 jours ou 110-220 mg/kg pendant 7 à 12 jours ;
- Triméthoprime-sulfaméthoxazole et toltrazuril : 20-30 mg/kg une fois.
La mise en place de mesures hygiéniques est également importante afin d’éviter la diffusion du parasite au sein des collections.
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